• Une petite fille en pleurs dans une ville en pluie

     « Elle a 5 ans, un joli manteau violet et de chouettes baskets noires et violettes », le premier tweet de Maitre Eolas hier après midi a l’air d’une anecdote, un portrait en 140 signes d’une petite fille qui se promène dans la rue… sauf que la petite fille est en centre de rétention parce que. Parce qu’elle n’est pas née dans le bon pays, contrairement à son petit frère, parce qu’elle est là en 2012, dans une France qui oublie qu’elle est encore surnommée « pays des droits de l’homme ».

     

    Une petite fille en pleurs dans un centre de rétention, c’est insoutenable. A suivre les tweets de Maitre Eolas tout au long de ce lundi pluvieux, triste, on met un visage sur celui de cette petite fille, le manteau violet ressemble étrangement à celui de la petite voisine et ces baskets noires et violettes à celles d’Amandine, l’enfant qui sourit dans le square d’à côté avec ses deux dents en moins qui tardent à repousser. Le paysage du quotidien est composé aussi de ces visages d’enfants que l’on croise, la petite fille en rétention pourrait en faire partie.

     

    Je ne connais pas l’histoire de la petite fille en rétention, je ne la connaissais pas avant de suivre son histoire dans les tweets de Maitre Eolas. Sur le coup, j’ai envie de l’adopter, d’être sa mère le temps de la tranquillité et après de la reconduire à sa famille. Mais non, ce n’est pas possible, la loi est implacable pour ceux qui n’ont pas le pédigrée. Alors, je guette d’un œil impatient les 140 caractères qui m’annonceront la bonne nouvelle : le hashtag LPFER comme la petite fille en rétention deviendrait LPFDLS pour la petite fille dans le square. Parce que twitter c’est aussi ça ; nous donner à voir ce qui nous était invisible et pourquoi pas lever le voile de l’indifférence sur ce que nous ne savions ou ne pouvions pas voir.

     

    Monique Royer





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