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    MONTREUIL, 3 oct 2014 (AFP) - Un Tchadien qui s'était vu refuser le
    statut de réfugié a tenté de s'immoler par le feu dans les locaux de la Cour
    nationale du droit d'asile à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dernier recours
    pour les étrangers qui demandent protection à la France.
       L'homme, âgé de 38 ans, s'est présenté vers 14H40 à l'accueil de la CNDA,
    en disant qu'il venait d'apprendre le rejet de sa demande, a raconté à l'AFP
    une source judiciaire. Il s'est alors "aspergé d'essence" et "a mis le feu à
    ses vêtements", a ajouté cette source.
       Le trentenaire a été pris en charge par des agents de sécurité, qui ont
    éteint les flammes à l'aide d'un extincteur, puis par les pompiers. Grièvement
    brûlé au cuir chevelu et sur le haut du corps, il a été hospitalisé mais son
    pronostic vital n'est pas engagé, a précisé une source policière.
       D'après le secrétaire général de la CNDA, Pascal Girault, ce ressortissant
    tchadien avait fait l'objet d'une décision de rejet de sa demande d'asile par
    l'Ofpra, l'administration chargée en France d'octroyer ou de refuser l'asile à
    ceux qui craignent pour leur vie dans leur pays.
       Pour contester cette décision, il avait formé un recours, rejeté par la
    CNDA en début d'année. Vendredi, "il s'est présenté pour avoir des informations
    sur les moyens d'obtenir un réexamen de sa situation", a raconté M. Girault. Le
    service d'accueil lui a fourni des explications et "c'est à ce moment-là qu'il
    s'est aspergé d'essence", a-t-il ajouté.
       En théorie, un dossier de demande d'asile ne peut pas être examiné une
    seconde fois par l'administration, sauf si "la personne apporte des éléments
    nouveaux", a précisé un porte-parole de l'Ofpra.
      
       - 'Les yeux dans le vague' -
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       Une heure après le drame, devant l'immeuble où est installée la CNDA, des
    agents de la police technique et scientifique s'affairaient derrière un cordon
    de sécurité. Quelques demandeurs d'asile étaient encore présents aux abords du
    bâtiment, où les audiences ont été suspendues.
       "Il était à deux mètres du bureau d'accueil, regardait les tableaux
    d'affichage et s'est aspergé avec une grande bouteille remplie d'un liquide
    transparent", a relaté à l'AFP Me Maya Lino, qui a assisté à la scène. "Il
    avait les yeux dans le vague. Il a sorti un briquet de sa poche, a essayé une
    première fois, ça n'a pas marché et tout le monde a crié", ajoute-t-elle.
       "Il a recommencé une seconde fois, et là les flammes sont montées d'un coup
    jusqu'au haut de son crâne. Il s'est mis à courir", ajoute-t-elle. Les cris ont
    été perçus jusque dans la salle d'audience où un autre avocat, Me Gilles
    Piquois, était en train de plaider.
       Dans les salles d'audience du bâtiment orange de Montreuil, flanqué de
    drapeaux français et européen, se joue chaque année le destin d'un peu moins de
    40.000 demandeurs d'asile.
       Leur dossier a déjà été rejeté par l'Ofpra, et c'est là l'une de leurs
    toutes dernières chances d'obtenir la protection de la France, si leur dossier
    répond aux conditions de la Convention de Genève. En cas de refus, ils ont une
    plus grande probabilité d'être expulsés du territoire français.
       "Souvent les décisions de la CNDA sont ressenties comme dramatiques et je
    le comprends car elles peuvent mettre fin à un projet de vie", a réagi le
    directeur général de France Terre d'Asile Pierre Henry. "Mais il s'agit là du
    geste d'un désespéré, qui heureusement reste exceptionnel. Il faut mettre à
    distance nos émotions et ne pas exploiter ce drame pour remettre en cause tout
    un processus", a-t-il souligné.
       Sur 38.540 décisions rendues par la CNDA en 2013, 108 concernaient des
    Tchadiens. Seuls 17 ont eu gain de cause, un taux de refus de près de 84%,
    comparable à celui constaté pour les autres nationalités.